lundi 7 mars 2016


Adoption

Aïcha : J'aime les enfants mais je n'en ai pas. C'est mon destin comme ça. Mais j'ai élevé le fils de mon frère, de l'âge de 1 an jusqu'à presque 5 ans. Il m'appelait « maman ». Quand je suis venue en France, en 2006, j'ai du le laisser à mon frère, en Algérie. Il a pleuré, il voulait prendre le bateau pour me rejoindre, il disait « je veux monter chez maman ». Pour lui la France c'était le bateau dans lequel j'étais montée.

Orkeia : Chez nous, ça se fait. Là-bas, ils le prennent comme un partage, pour aider l'autre.
Du côté de ma tante, la soeur de ma mère, elle a eu beaucoup d'enfants, des garçons, et un des garçons c'est pas qu'elle l'a donné mais il a été adopté par quelqu'un de la famille qui n'en avait pas. Et du coup c'était comme sa mère cette personne. Il n'a su que par la suite qui était sa vraie mère.

Raïzani : Nous aussi, ça se fait : ma mère, c'est pas ma grand-mère qui l'a élevée, c'est sa tante.

Orkeia : Même des fois ils allaitent. Une de mes soeurs a été allaitée par la femme de mon oncle, pour aider un peu ma mère. Alors toujours elle lui dit : « Je suis ta mère de lait ».

Nassera : J'avais 44 ans et pas d'enfant. J'ai demandé à ma grande soeur de m'en faire un, elle n'a pas voulu. Après j'ai demandé à ma petite soeur, elle m'a dit « oui », elle m'a promis, et son mari pareil. Elle est tombée enceinte. Et là, je me suis rendue compte que moi aussi j'étais enceinte, et je ne le savais pas. J'ai accouché au mois de mars et elle en février.

*

Nassera : Un jour, la femme du copain de mon frère, elle a accouché avec une césarienne. Ils l'ont gardée à l'hôpital pendant un mois, parce qu'elle avait des problèmes de santé. Comme ils n'avaient pas de famille, mon frère il a ramené le petit chez nous, à la maison. Moi je ne faisais rien à l'époque, je n'avais pas de travail fixe, je lui ai dit « je le garde en attendant qu'elle sorte ». Je l'ai gardé, mais on dirait après que c'est mon bébé. Quand ils sont venus le récupérer, je voulais plus. Je voulais le garder ce bébé. J'ai commencé à pleurer. Après je suis tombé malade.

Fathya : Moi c'était avec mon neveu. C'est à peu près la même histoire. Ma soeur elle a été obligée de me laisser son bébé pendant presque 3 ans. J'avais 16 ou 17 ans. Quand elle est revenue le chercher, je la détestais. C'était ma soeur mais je la détestais. J'ai souffert. Lui aussi il a souffert. Mais le problème c'est que comme il n'a pas grandi avec elle, elle ne l'aime pas comme elle aime ses autres enfants. Elle aime bien que ses enfants viennent chez elle, elle téléphone tout le temps, elle s'inquiète pour les autres, mais lui jamais, elle ne parle pas de lui. Il est toujours à l'écart. On peut dire qu'il a galéré. C'est comme s'il n'avait pas de parents.
Maintenant il a 32 ans. Quand je le vois, c'est comme si c'était mon fils.

Nadia : Quand j'ai quitté l'Algérie pendant la guerre civile, j'avais deux petits bichons maltais, j'ai pleuré quand il a fallu les laisser, alors imaginez-vous si j'avais adopté un enfant...


Argent

Mon frère va se marier, je suis contente pour lui, je ne sais pas si je vais y aller, à cause de l’argent, du prix du billet. Hier j’ai appelé ma sœur au Maroc pour avoir des nouvelles de la famille.
(Fatima)

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Nassera : Ma famille, ils sont loin, tout le monde est en Algérie. Je les appelle toutes les semaines, des fois deux fois par semaine. Dès fois j'appelle maman, dès fois j'appelle mes soeurs. Eux ils n'appellent pas, parce que c'est cher.

Nadjette : Même c'est pas cher, ils n'appellent pas. Ils appellent seulement si quelqu'un est malade, ou alors pour les fêtes.

Raïzani : Moi j'appelle ma famille à Mayotte, mais eux ils n'appellent jamais, sauf si il y a quelqu'un qui est malade, mais sinon ils n'appellent pas du tout. C'est une question d'argent. Ils se disent que nous ici on trouve l'argent dehors. Si tu vois quelqu'un qui est à Mayotte et qu'il appelle, c'est qu'il veut des sous. Il ne demande pas « tu vas bien ? ». C'est direct : « Envoie-moi des sous, j'ai un problème ». Dès fois même ils inventent juste pour qu'on leur envoie.

*

Les enfants, il ne faut pas leur donner beaucoup d'argent : 2euros, 3 euros, oui, beaucoup non.
(Nadjette )

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La grève des bus, c'est un problème pour les mamans qui travaillent aussi. On perd de l'argent.
(Souraya)

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Ma soeur s’est mariée en 2011 avec un marocain, il y a eu des histoires, il gardait l’argent, il ne la laissait pas libre. Ils ont divorcé.
(Nadjette)


Bonheur

Le bonheur de mettre au monde un petit être
La joie d’être papa ou maman
Le plaisir de voir la croissance et le développement de ce petit être
Avoir un jour un confident et remplaçant
Voir un jour ses enfants réussir après notre long trajet et éducation donnée
Hayat

*

Le plaisir d’être parent, c’est de voir ses enfants en bonne santé, de les voir grandir devant soi.
De pouvoir se confier à ses enfants.
Nassera

*

1 d’être responsable de mes enfants
2 de les gâter le plus possible
3 d’essayer de leur donner une bonne éducation
4 c’est la continuité de nous même
5 de les comprendre le plus possible
Orkeia

*

Passer les vacances en famille, sortir avec mon fils et mon mari, voir mes enfants mariés, voir mes
enfants bien dans la vie.
Selvina

*

Avoir des enfants çà m’a rempli un vide et surtout après avoir perdu mes parents, c’est le plus grand
cadeau de Allah que j’ai eu dans cette vie.
Fathia


Conseils

Ma mère, elle me disait toujours que je dois me lever de bonne heure pendant les vacances !!!
Elle me disait celui qui veut travailler, c’est le matin, l’après midi, il fallait tricoter, à l’époque, dès fois, je me disais qu’elle était trop sévère. Même si je lui obéissais à la lettre.
Sauf qu’à présent je fais comme ma mère, toujours matinale. Et je me dis : « elle a raison ma mère »
Elle disait aussi « Moi, je vous donne toujours de bons conseils, jamais des mauvais, après c’est à vous de voir ! » « Tout ce qu’on fait, on le retrouve devant nous. » « La roue tourne, un jour vous serez parent et là vous allez tout comprendre. »
(Hayat)

*

Mon père, quand j’étais petite, il m’a dit : « continue les études », et moi je regrette de ne pas avoir suivi ses conseils.
(Aïcha)

*

On m’a toujours dit :
Les conseils qui te font pleurer sont mieux que les conseils qui te font rire. Car celui qui te fait rire ne te veux pas du bien.
Aussi de garder espoir car l’espoir fait vivre.
De ne pas commencer par les mauvaises nouvelles toujours par les bonnes.
De ne pas regretter ce qui est fait car les remords affaiblissent et nuisent à la santé et jouent sur le plan psychique.
De mettre de l’argent de côté pour les coups durs alors que parfois ce n’est pas le cas.
De faire attention aux gens à qui tu fais beaucoup de bien.
Le monde appartient à celui qui se lève tôt.
Quand vous deviendrez parent, vous reconnaîtrez la valeur des parents.
Sans les études pas d’avenir !
(Nacera)




Curriculum

Père : un hérisson
Mère : une tulipe (douce)
Lieu de naissance : désert
Date : un jour
Écoles : un apprentissage (une chance)
Domicile : quelque part dans la nature
Métier : un rêve, irréalisable
religion : dans ton cœur
Loisirs : voyager autour du monde
(Chaïma)

*

Père : travail dur, courage
Mère : docile obéissante naïve
Lieu de naissance : guerre traumatisme
Date : vent pluie grêle
Écoles : souffre douleur
Domicile : populaire agréable
Métier : ménage puis déménage
religion : rêve de l'invisible
Loisirs : sommeil et rêves éveillés
Signe particulier : destin qui s'avance lentement
(Nadjia)


Différences ?

Les hommes sont souvent libres. Ils sont forts.
Les femmes ont beaucoup de choses à faire : la cuisine, le ménage, les enfants, le travail.
Les pères assurent le côté financier.
Les mères assurent le côté affectif et éducatif.
Les garçons sont gentils mais parfois pénibles.
Les filles sont très coquettes et sérieuses et travailleuses.
Les enfants portent la joie pour les parents.
Les enfants c'est les fleurs du jardin.
(Hayat)

*

Les hommes sans les femmes ne sont rien.
Les femmes sans les hommes ne sont rien.
Les pères, les enfants en ont besoin pour une bonne éducation.
Les mères sont souvent le pilier de la famille.
Les garçons préfèrent leur mère.
Les filles partent de la maison familiale plus vite.
Les enfants, les élever, et les éduquer est le métier le plus difficile du monde.
Orkeia

*

Les hommes : les protecteurs
Les femmes : le pilier dans la société
Les pères : responsables et courageux
Les mères : la douceur et le tendresse
Les garçons : c’est l’honneur et les descendants de la famille
Les filles : beaucoup de gentillesse, de complicité et d’amour.
Les enfants : les fruits du couple.
Hayat

*

Les hommes : forts
Les femmes : savoir cuisiner
Les pères : travaux
Les mères : ménage
Les garçons : ballon
Les filles : vestes
Les enfants : joie, bonheur
Selvina

*

Les hommes sont forts, puissants, protecteurs
Les femmes ont un peu plus peur que les hommes, plus timides
Les pères ont le dessus sur les enfants, les enfants ont souvent peur de leur père
Les mères sont là pour mettre les bases à leurs enfants (éducation)
Les garçons aiment sortir avec leurs amis, draguer des filles
Les filles aiment aller faire les boutiques entre copines.
Les enfants aiment jouer, courir partout.
Nicolas

*

Les hommes sont au travail
Les femmes s’occupent des enfants
Les pères sont responsables des enfants
Les mères donnent tout pour leurs enfants
Les garçons et les filles c’est le bonheur dans la maison.
Aïcha

Les hommes, ils sont nombreux à ne pas prendre leurs responsabilités
Les femmes, elles sont patientes.
Nassera


Dire (ou ne pas dire)

Hayat : Les enfants, il faut les protéger. Il y a des choses à leur raconter quand même. Par exemple, si je suis très malade, je vais leur dire que je suis malade mais je vais pas leur dire le fond. Il faut leur dire la vérité, mais pas une vérité complète comme avec un adulte, parce qu'il y a des choses qui sont dures à encaisser pour un enfant

Nassera : Il y a des choses qui sont pas bien dans la vie et des choses qui sont bien, il faut bien l'indiquer à l'enfant, montrer le mal et le bien, comme ça il comprend la vie.

Nassera : dans ma tête, mon père c'est un héros comme on dit, il est brave et courageux, il a toutes las qualités. Je suis fière de mon père. Il a vécu. Il était combattant, courageux. Mais moi je peux pas raconter ma vie à ma fille, parce que ma vie elle est pleine de chagrin.

Nadjette : Moi je suis diabétique, presque pendant un an je ne l'ai pas dit à mes enfants, ni à mon mari ni à mes enfants, juste à ma sœur.



Education (1)

Hayat : En général, les cas très violents, c'est un enfant sans parents, ou les parents séparés, seul avec sa mère, en foyer, en général c'est ça. Bon, il y a d'autres cas, mais en général moi j'entends comme ça, un enfant qui a eu une enfance très difficile. A un moment donné il a dérapé, on n'a pas pu le remettre sur le droit chemin.

Nadia : La dernière fois, il y a une fille qui s'est jetée du 17ème étage. 14 ans. Son grand frère il la frappait avec une ceinture, parce qu'elle avait des mauvaises notes. Elle est rentrée dans sa chambre et elle s'est jetée par la fenêtre.

Nadia : Il faut faire attention, tes enfants, qui ils fréquentent. Moi je les ai jamais laissés fréquenter n'importe qui., moi je choisissais.

Raïzani : Les jeunes de maintenant ça fonctionne par bandes, si tu fais pas comme les autres tu es exclu, tu n'as pas d'amis, donc tu es obligé. Moi je vois à l'école, si tu fais pas le bordel on t'exclut carrément, on te trouve ridicule, « tu n'es pas un 'guéri » comme on dit nous, ça veut dire que tu es un peureux. Donc il faut montrer que tu n'as pas peur. Tu es obligé de te mettre à fumer comme les autres, pour montrer que tu es fort aussi. Moi j'ai choisi une bande où c'est des personnes qui veulent travailler. Il y a des gens qui veulent travailler et il y en a qui sont là pour foutre le bordel. C'est à toi de voir si tu as envie d'aller dans le mauvais chemin ou dans le bon chemin.

Orkeia : C'est un choix, mais après il y en a qui sont faibles de caractère.

Orkeia : Nous, on était ouvrier de famille, mon père il était mineur de charbon, on manquait de rien. - Je parle pas de téléphones, de machin qui n'existaient pas à cette époque... - mais si on ne pouvait pas l'acheter on se débrouillait avec ce qu'on avait. Maintenant non, il faut qu'ils le volent quand même. Ils ont la tentation.

Hayat : J'ai vécu comme ça, on vivait avec nos moyens, et c'est ce que je dis maintenant à mes enfants : on va vivre selon ce qu'on peut. Je regarde pas tel ou tel téléphone, telle voiture, tel ordi, tout ça.

Nadia : A l'école, nous on été punis. Maintenant ils ne sont pas punis. Je me rappelle, un jour, sans faire attention j'ai craché, je devais avoir 6 ou 7 ans : il y a une enseignante, je n'étais pas dans sa classe, elle m'a donné une gifle. J'ai demandé : « Qu'est-ce que j'ai fait madame ? », elle m'a dit « Regarde, tu as craché ». Elle m'a éduquée.

Orkeia : Avant on tapait sur les doigts avec la règle. On a vécu ça, nous. C'est une autre éducation maintenant. Je crois que c'est bien d'avoir eu des interdits, quelques interdits, du coup on les a gardés. Peut-être qu'aujourd'hui c'est un manque pour les enfants qui font n'importe quoi, les parents ils disent « oh, ça fait rien, c'est mon fils, il fait ce qu'il veut ». Il y en a comme ça, j'en ai entendus.

Hayat : Nous c'était très très sévère, maintenant je trouve que c'est pas sévère du tout.

Hayat : Les petits, dès le début il faut leur mettre des limites : ce qui est bon, ce qui n'est pas bon...

Nadia : C'est sûr, il ne peut pas savoir tout seul.

Hayat : Un enfant, il ne comprend pas comme ça, on lui apprend. Toute sa vie on lui apprend. Même moi adulte, on m'apprend encore.

Selvina : Il faut être un peu sévère avec les enfants, leur mettre des limites.

Selvina : Pour tout il y a une limite. Si tu passes cette limite il y a une punition.

Fatima : Quand j'étais petite, moi j'écoutais pas mes parents, je faisais comme je voulais. Mon père était dur.

Orkeia : Ma mère elle était sévère : il fallait pas faire ci il fallait pas faire ça... Alors nous quand venaient tous nos cousins on en profitait de mettre le oaï, tout ce qu'on pouvait pas faire on le faisait, on était dehors, on courrait. Alors elle disait : « Ce soir vous allez voir... !!!». Nous on s'en foutait de morfler après, de prendre des coups de ceinture, on n'écoutait plus rien.

Hayat : Moi j'ai goûté du martinet. Et puis ma mère elle avait un bâton aussi : un jour ma soeur elle l'a cassé et elle l'a jeté. Après elle a eu la punition de sa vie. Maintenant on en rigole, quand je l'ai au téléphone le soir, elle me dit « Ah, quand même moi j'ai affronté ma mère, j'ai cassé le bâton ». Moi je n'y touchais pas à ça. Ni au martinet.

Nadia : Moi j'avais un nerf de boeuf, je l'ai utilisé une fois avec mes enfants. Après ils l'ont jeté dans la mer.

Raïzani : C'est ma mère qui utilisait le martinet, parce qu'elle nous disait d'aller à l'école coranique, et nous au lieu d'y aller on traînait à l'école buissonnière. Ohhhh, on en prenait... !!! Mais on n'écoutait pas, le lendemain on recommençait...


Education (2)

Hayat : moi j'ai peur aussi. Bon, les enfants, il faut leur apprendre, parce qu'ils vont grandir, mais je trouve qu'il ne faut pas lâcher un enfant comme ça d'un coup. Il faut le faire progressivement. Il faut d'abord bien l'éduquer, lui apprendre le mal et le bien, bien bien bien comme il faut, et une fois qu'il commence à grandir, on va le laisser faire des choses mais doucement doucement, il va pas rentrer dans un monde d'adulte d'un coup. Moi, pour moi c'est pas bien. Moi on m'a éduquée comme ça aussi. Je suis mariée, je demande toujours des permissions, je demande conseil, à ma mère, à mes frères qui sont plus âgées que moi.

Nadjette : les enfants, il faut être derrière tout le temps. Mais il ne faut pas trop serrer, sinon...

Hayat : pour moi, ils pourront se déplacer seul à partir de 18 ans, il faut qu'ils soient mûrs, et que je vois que vraiment ils sont mûrs.

Nassera : A la maison, vous savez comment votre fille elle est, mais dehors non. Il y a l'entourage. Peut-être elle est influencée. Peut-être que les copines vont lui changer les idées. Il faut choisir les amis de nos enfants.
Hayat : Mes parents, ils étaient plus sévères. Ca n'a rien à voir. C'est ce que je leur dis à mes enfants. J'ai essayé de garder ce qui est bien, tout ce qui est principe, éducation je l'ai gardé, et je vais continuer à l'appliquer jusqu'au bout, mais pas trop sévère. Par exemple, les sorties scolaires je ne dis pas non. Chaque année ils partent avec l'école. Ma fille, elle vient de partir en Pologne, elle était contente. Elle est allée en classe verte, en classe de neige... Alors que moi, quand j'étais jeune, je n'avais pas le droit de parler d'un voyage, ce n'était même pas la peine. Un voyage, pour une fille ce n'était pas possible. La mentalité n'était pas la même. Moi je trouve qu'il ne faut pas priver les enfants de ça. C'est beau, c'est des beaux souvenirs... Moi, ça me manquait, j'aurais aimé avoir ça, donc en aucun cas je vais l'infliger maintenant à mes enfants.

Hayat : Mes enfants, c'est pas que je ne leur fais pas confiance, j'ai peur. Si elle a 5 minutes de retard, elle va vite m'envoyer un SMS

Orkeia : Les enfants il faut qu'ils fassent leurs propres expériences. Même qu'on leur parle, s'ils n'ont pas essayé, même s'ils disent oui, ils ne nous croient pas.

Nassera : Si nos parents, ils n'étaient pas derrière nous, on ferait n'importe quoi.

Orkeia : C'est sûr que dans nos origines, c'était beaucoup plus serré pour les filles. Peut-être que c'est pas plus mal en fait. Il y a des choses qu'on ne faisait pas, qui étaient interdites, on ne franchissait pas la barrière. Dans le fond, peut-être que c'était pas mal.


Education (sexuelle)

Nadia : Je me rappelle, mon petit garçon un jour il a vu une fille sans culotte, il a dit « Oh... on lui a tout coupé ! ». J'ai dit « Non, on lui a pas coupé, elle c'est une fille elle deviendra une femme, et toi tu es un garçon, toi tu as un pénis ». Je lui ai expliqué.


Famille nombreuse

Hayat : C'est bien d'avoir une famille nombreuse, mais après il faut pouvoir aussi les élever les enfants, les suivre et tout ça...


Fêtes

Hayat : Dès fois je me dis heureusement qu'il y a les fêtes, sinon on se verrait jamais, on se verrait peut-être une fois tous les 4 ans, 5 ans... En Algérie, je me rappelle, on a des cousins qui sont très très loin, on reste une année on les voit pas, mais le jour de la fête on les voit. Je trouve que c'est l'occasion. Les enfants ça leur fait plaisir, ils mangent ensemble, ils s'amusent, ils ont des cadeaux, ils montrent tout ce qu'ils ont eu. C'est des bons moments. Ca reste après. Je me rappelle de quand j'étais petite, tout ce qu'on a fait c'est dans ma tête, je suis adulte mais ça reste dans ma tête. C'est pour ça que j'essaye, je me dis que ça serait bien de le transmettre aux enfants.

*

Les fêtes et les lumières de fin d’année me rappellent malheureusement des souvenirs douloureux car plus rien ne sera plus jamais pareil car le passé ne reviendra pas. Mon fils n’est plus de ce monde. Peut être est-il dans un monde meilleur ? Mais je dois aller de l’avant et profiter de mes petits enfants et de ma fille, les gâter le plus possible et être heureuse car j’ai la foi. (Orkeia)

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L’Aïd el fitre : c’est une grande fête musulmane religieuse. Après 30 Jours de carême, elle arrive cette fête dans les familles pratiquantes. Quand j’étais petite, j’ai aimé cette ambiance, ma mère s’occupait de tout ce qui est repas, et nous les filles, on faisait les gâteaux, on rigolait, on décorait la maison pour recevoir la famille : oncles, tantes, cousins même les voisins.
Tout le monde doit se respecter, manger ensemble, même ceux qui ne se parlent pas, on dit que c’est le jour de tolérance et de pardon.
Avec le recul, je n’arrive pas à m’imaginer qu’un moment, tout le rôle qu’elle faisait ma mère est devenu mon rôle. Car je suis mariée et mère donc, maintenant c’est moi qui prépare le repas, les gâteaux et j’essaie de transmettre à la génération future les coutumes, les traditions et la magie des fêtes, et surtout de les passer avec bonne humeur et en famille. (Hayat)

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C’était mon premier noël avec toute la famille, mes petits cousins. Je n’avais pas vu ma sœur depuis 5 ans, alors on n’en a bien profité, on a parlé de tout et de rien. C'est un sentiment fort que je ne peux même pas décrire. C’était beaucoup de rire, de joie. (Raïzani)

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La veille de l’Aïd, c’est beaucoup de joie, on prépare beaucoup de gâteaux, toujours les mêmes, çà ne change pas. C’est les sambousa. Les enfants sont interdits dans la cuisine c’est que les mamans qui ont le droit.
Le matin, on réveille toujours en premier les garçons parce que ce sont eux qui vont à la prière et les filles font le ménage. Après on se prépare à accueillir les hommes qui rentrent de la mosquée. C’est le moment que je préfère parce qu’ils nous souhaitent beaucoup de bonnes choses. (Raïzani)

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Pour la fête de l’Aïd, on fait le henné pour les enfants. On achète le mouton, on l’égorge. On achète des vêtements pour nous et des jouets pour les enfants.
On fait des gâteaux, on va chez la famille ou bien ils viennent chez moi, nous sommes tous ensemble, nous sommes contents. (Aïcha)

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Les fêtes de fin d’année sont propices aux retrouvailles, et au rassemblement familial. On se retrouve tous même si on s’aime beaucoup, un peu ou pas du tout. Il faut éviter les sujets qui fâchent, être poli et faire comme si tous les cadeaux nous plaisent pour que tout se passe bien ; car dans mes souvenirs il y a eu des années où les fêtes se sont mal passées par maladresse des uns et des autres. Je ne veux plus vivre cela. Donc nous nous sommes réunis dans la joie et la bonne humeur et tout s’est bien passé.
Pour Noël, nous étions tous réunis, tout le monde était réuni, tout le monde était heureux. Mes petites filles ouvraient leurs cadeaux avec une joie immense autour du sapin. Les adultes aussi ouvraient leurs cadeaux ainsi que moi-même, et là je me suis mise à penser à mon fils et d’un coup j’ai pensé : plus personne n’en parle et je me suis demandée où était sa place dans leur tête ? (Orkeïa)

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Le jour de l’an : les enfants dorment plus tard, on mange plus tard. On mange le gâteau des rois. (Selvina)



Fils

Orkéia : J'ai perdu mon fils, ça fait un an et 9 mois, il est décédé d'une crise cardiaque en dormant. Je ne m'en suis pas remise, je me dit que peut-être c'est Dieu qui a voulu, comme je suis croyante. Je me dit que peut-être il n'a pas souffert, et ça c'est énorme. Il était très jeune.

Orkeia : La dernière fois, il est venu ma soeur, elle m'a dit « tu viens avec moi, on va au cimetière ? » j'ai dit « oui, j'ai envie d'y aller » pour voir comment je réagissais, et j'ai bien réagi, je ne me reconnaissais pas. Avant quand j'y allais, j'étais toujours une semaine malade, je pleurais, et là j'ai mieux réagi, alors j'ai pensé : ça va mieux. Je me suis dit que la thérapie, elle sortira de moi, là-dedans, et de personne d'autre, j'ai été partout mais j'ai compris que si c'est pas moi qui va me sortir de là, personne va le faire.



Frères et soeurs

Nadjette : J'ai hébergé ma soeur 2 ans. Ma soeur c'est comme mes enfants, comme ma fille. Elle a 34 ans et moi 50. Jamais j'ai pensé que c'était ma soeur.

*

Keyra : Avec mes enfants j'avais pas de problème. Sauf à la maison. Les jumeaux eux ils étaient complices, le problème c'était entre un de mes jumeaux et le grand. C'était le chat et la souris. Il y avait des portes cassées, des choses comme ça. Pour un parfum, pour un pantalon... Ils disaient Eteins le lumière ! Allume ! Baisse !!! que des trucs comme ça... J'avais un T3, les 3 garçons dans une même chambre c'est difficile. C'était la guerre. Maintenant ils se souviennent, on rigole.
Il y a une copine à moi, elle m'avait dit « fais comme moi, quand ils commencent à faire la bagarre, tu tombes, comme ça ils s'arrêtent. » Mais ils ne se sont pas arrêtés mes enfants, ils sont montés sur moi, ils voyaient rouge.
Quand il y en a un qui travaillait et qui achetait du parfum ou des marques avec ses sous, l'autre il profitait. Alors chacun me demandait de cacher ses affaires. Je les cachais dans ma chambre.
Mais hors de la maison je n'avais pas de problème.
Quand ils se disputent comme ça, je les punis. Pas de regarder la télé, ils sont grands maintenant, mais je fais pas le repas qu'ils aiment. Je fais le repas normal, qu'ils aiment ou qu'ils aiment pas, par exemple des lentilles. Mon fils, il dit que les lentilles c'est pour les pauvres. Je leur dis que « Bonjour » et « Au revoir ». Je parle pas beaucoup, alors qu'ils aiment parler avec moi. Pendant une semaine, comme ça. Jusqu'à ce qu'ils m'écrivent une lettre où ils disent « s'il te plaît, pardonne-nous, on recommencera pas... ». Je les ai gardé ces lettres, parce qu'ils ont écrit des choses bien, je ne peux pas les jeter ces lettres.

Nadjette : Moi aussi, les filles elles se disputent entre elles, pour le maquillage, pour les habits, pour ça ou ça, pour la lumière. Elles dorment aussi dans la même chambre. Il y en a une qui allume pour se maquiller, l'autre elle a envie de faire la grasse matinée elle crie : « pourquoi tu te maquilles pas dans la salle de bain ?!!». La petite elle veut toujours mettre les habits de la grande. Une fois je leur ai mis un coup de louche. J'ai dit « arrêtez arrêtez arrêtez » elles ont pas arrêté, alors BANG ! Elles ont crié « Oh, maman », et moi « C'est comme ça, c'est la vie ! ».

*

Aïcha : A l'arrêt de tramway l'autre jour, j'ai vu quelqu'un comme mon frère, la même tête, tout pareil, le visage, les yeux. Même mon mari, il m'a dit « regarde ton frère, il est là ». Juste il était un peu plus petit


Gaucher ( pas ) contrarié

Orkeia : Mon fils, il était gaucher. Je l'ai jamais contrarié, parce que dans ma tête je me suis dit qu'il y avait une raison. Moi je suis contre de contrarier.

Hayat : Mon fils, il est ambidextre. En fait, pour écrire il écrit avec la droite mais pour le ciseau c'est la gauche. Au début je comprenais pas, je me disais « il coupe mal, il sait pas tenir un ciseau » et un jour à l'école, il était petit, on lui a proposé un ciseau de gaucher et depuis il coupe bien.


Gifle

Je devais avoir 4 ou 5 ans, j’ai assisté à un mariage avec les enfants du quartier, il y avait des hommes plein la salle, soudain une femme est entrée pour danser.
Elle avait le ventre nu, les cheveux sur les épaules, très belle, elle a entamé une danse du ventre, j’étais sidérée par sa beauté.
En rentrant chez moi, j’ai expliqué à ma mère ce que j’avais vu, j’étais émerveillée, ma mère me répondit devant mon père que cette femme était une catin dévergondée. J’ai dit à ma mère que moi aussi lorsque je serais grande, je serais une catin.
Une gifle sur la joue me fit réaliser mon erreur, ma mère a pris ma défense, expliquant à mon père que je ne suis pas sensée savoir ce que cela veut dire.
(Nadia)

Grands-parents

Nadia : C'est bien une mamie, elle raconte des histoires le soir aux enfants. C'est beau. C'est mieux que la télévision.

Hayat : Oh oui... c'est beaucoup mieux. C'est plus enrichissant.

Fathya : Dès fois les parents ils sont un peu durs, mais la grand-mère elle est toujours douce, gentille... C'est ce que je vois, mais enfin peut-être parce que moi j'ai pas eu l'occasion d'avoir de grands parents. Moi ça me manque.

Nassera : Moi j'avais ma grand-mère, elle était chez nous. Elle tricotait, mais jamais elle tricotait pour moi. Jamais. Elle faisait des sacs, mais que pour mes soeurs. Elle est marquée dans ma mémoire. Elle faisait des tricots, des gilets en laine, mais jamais elle ne m'en donnait, jamais, jamais. Pourtant j'étais courageuse, je faisais le ménage pour elle, je nettoyais, elle me donnait des sous pour aller acheter des choses pour elle dehors, pour manger, mais jamais elle me donnait quelque chose. C'était tout pour mes soeurs, l'aînée surtout. Le grand-père il était là aussi. Mais avec lui c'était pareil. Je n'ai pas eu de chance avec eux.


Habitudes

Nassera : Ma fille, je lui ai donné ma grippe, parce qu'on dort dans le même lit. Elle a une chambre mais elle veut dormir à côté de moi. Elle ne veut pas dormir dans sa chambre. Elle dit « ma place elle est ici ». Quand son père il était là, elle dormait dans sa chambre. Du jour où il est mort, j'étais angoissée, je n'arrivais pas à dormir seule, elle a pris l'habitude de dormir à côté de moi. J'ai essayé l'autre fois, elle s'est endormie à côté de moi, je l'ai prise et je l'ai mise dans sa chambre, à 3h du matin elle est revenue.

Nadjette : Mon fils aussi, il a dormi dans notre lit jusqu'à 8-9 ans. Après doucement doucement il faut arrêter, sans forcer.
L'autre jour, ma fille à l'âge de 17 ans,elle m'a demandé pour la première fois de dormir avec elle dans sa chambre. Moi je profite bien, pour donner des conseils. D'habitude elle n'écoute pas, mais là elle est tranquille et j'en profite.

Aïcha : Moi je conseille à Nassera d'aller dormir dans la chambre de sa petite avec elle.


Inquiétudes

Ce qui m'a marquée, il y a deux ou trois semaines, c'est l'hospitalisation de ma fille, suite à une hyperglycémie - c'est un taux de sucre très élevé dans le sang.
Ça m'a fait des soucis pour elle et pour sa santé, car cette maladie elle provoque d'autres maladies.
Voilà, à part ça c'est la routine. (Saïda)

*

Pendant les vacances, je suis sortie avec ma fille, on est parti au magasin, je lui ai acheté un vélo. Elle était contente. Je l’ai fait monter, elle roulait sur le trottoir et après d’un coup elle est partie vite sur la route. Heureusement la voiture l’a évitée. Quand je suis rentrée chez moi, j’ai pas pu dormir de la nuit.
(Nassera)

*

Mardi passé : j’ai eu rendez-vous avec la maîtresse, Mme Pion pour faire le point pour le travail d’Aryles. Enfin j’ai eu une petite nouvelle, il a fait beaucoup de progrès pour la lecture, après mon inquiétude.
Lundi passé : j’ai eu la convocation de l’établissement pour la réunion de fin du trimestre et la remise des bulletins le samedi 14 décembre. Ceci me stresse énormément.
Aujourd’hui : j’ai décidé d’appeler ma mère au téléphone car elle me manque et çà fait un petit moment que je n’ai pas eu de ses nouvelles. Au final son téléphone ne marche pas, je pense ! Cela ne m’a pas plu !
(Hayat)

*

Orkeia : Je pense que le malaise qu'on a en nous, on le fait passer aux enfants. On ne le fait pas exprès, mais ils le sentent.



Interludes

. Dimanche : Les enfants sont contents, ils font la grasse matinée. La journée la plus cool. Douche, télé, jeux, sortie, devoirs à la fin.
. Lundi : on reprend l'école, donc je mets mon réveil à sonner, je dois me lever de bonne heure, ouvrir les fenêtres et préparer le petit déjeuner, ensuite réveiller les enfants et les préparer à partir.
. Mardi : Pratiquement pareil. Accompagner les enfants à l'école, et préparer le repas du midi et le soir, faire le ménage, récupérer les enfants à la fin de la journée, et amener Arylès au karaté.
. Mercredi : Journée la plus chargée, car les filles je les accompagne au collège et Arylès à une association qu'il fréquente. A midi, c'est le repas. Après midi, les accompagner à leurs activités sportives. Après ça, on rentre à la maison, les enfants prennent leur douche, mangent, ensuite les devoirs, à la fin ils se brossent les dents et tout le monde au lit.
. Aujourd'hui : Le matin, je suis sortie faire des papiers. Le midi, sont rentrés mes deux enfants, je leur ai donné à manger, ils sont repartis à l'école et moi je suis venue à l'atelier d'écriture avec Patrick.
(Hayat)

*

. Ma fille a préparé un gâteau au chocolat seule, sans mon aide !
. Arylès a écrit pour la première fois au stylo, à l'école il a eu une médaille pour le féliciter par la maîtresse !
. Arylès a fait des progrès en lecture, donc à la maison il lit avec plaisir et non par obligation !
. J'ai remarqué que les enfants mangent mieux, peut-être à cause du froid !
. J'ai constaté que je suis très active en journée, prête à tout faire, mais je me fatigue vite vers la soirée comme les tout petits.
(Hayat)

*

Hier je suis sortie avec ma fille, l'aînée, on est parties acheter du linge, après on est parties manger un morceau de pizza, on est rentrées à la maison, j'ai fait la prière, j'ai regardé la télé. (Kheira)

*
. Lundi : Je suis allé à l'école. J'ai eu un contrôle de géographie et de maths avec ma maîtresse du lundi.
. Mardi : J'ai eu un peu mal à la tête. J'ai fait chorale l'après-midi et musique, de la danse à la récré et poésie.
. Mercredi : Je suis allé à mon centre aéré, et aussi c'est un endroit pour prier, ça s'appelle « L'Oeuvre », à Endoume. La devise, c'est « ici on joue, ici on prie ».
. Jeudi : Je suis pas allé à l'école, et je suis avec ma mère à écrire ma semaine.
(Jérôme)

*

Lundi je suis allée chez le dentiste.
Mardi je suis allée avec mon mari, avec bébé pour le vaccin au dispensaire.
Mercredi je suis restée à la maison avec mes enfants.
Jeudi je suis restée à la maison.
Vendredi j’ai fait les courses.
Samedi je suis restée à la maison.
Dimanche j’ai préparé le pain et les gâteaux avec ma voisine.
(Fatima)

*

Hier je suis allée avec mon mari à la fête du prophète. Mes filles sont allées au cinéma avec leur frère Mohamed et sa fiancée.
(Nadjette)

*


Lundi je suis allée chez ma voisine.
Mardi je suis allée à la garderie avec mon fils.
Mercredi je suis restée à la maison avec mes enfants parce qu’ils sont malades.
Vendredi aussi, toute la semaine, moi je n’allais pas bien, aujourd’hui çà va.
(Fatima)

*

Samedi, j’ai passé l’après midi au gymnase La Martine avec les enfants, car Aryles avait une compétition de karaté. On est arrivé à 13h30, il y avait énormément de familles avec leurs enfants compétiteurs de tout âges, arrondissements, de différents clubs et ceintures.
C’était long, une fois mon fils, habillé et prêt, il fallait attendre son tour, car c’était à tour de rôle, selon l’âge du compétiteur.
Il n’était pas stressé, c’était plutôt moi la plus stressée. Ils ont fait des katas avec un adversaire, plusieurs fois et au final ….le fameux combat ! Nous l’avons encouragé, à la fin çà s’est bien passé, il a réussi les katas ainsi que le combat. Il était ravi pour sa victoire et nous également.
Dimanche : le matin on est resté à la maison, ménage, cuisine, repassage, l’après-midi on est allé faire les magasins pour voir les soldes
(Hayat)

*

J’ai passé une bonne semaine.
Jeudi avec ma fille, nous avons fait les courses, visité les magasins de chaussures, de vêtements sans acheter, juste pour le plaisir. Nous avons aussi visité les magasins de meubles toujours pour le plaisir et après en fin d’après midi, nous avons pris un chocolat chaud. Un moment agréable où nous avons discuté de tout et de rien après il a fallu qu’elle rentre pour récupérer mes petites filles à l’école.
(Orkeïa)

*

Samedi, il y a dix jours, ma cousine Nawelle a eu un nouveau bébé qui s’appelle Sarah.
Hier la sœur de Nawelle, mon autre cousine a eu l’appendicite.
Mohamed est arrivé à la maison avec sa fiancée, on a mangé avec mes filles et avec ma sœur, j’ai préparé des cordons bleus avec de la chorba. Ma sœur est restée 3 jours à la maison et puis elle est retournée chez elle, dans le 7° arrondissement.
(Nadjette)

*

Lundi passé on a déménagé, à la main, l’ancienne maison n’était pas loin, je suis passé du 127 au 113.
Ma fille, ma belle sœur, ma sœur, mon fils, tout le monde nous a aidés. Mon mari aussi, c’était le premier, après il était fatigué. Il a fallu faire la peinture dans l’ancienne maison, on l’a eue propre, on l’a laissée propre. Je suis contente, les copines sont venues à la nouvelle maison pour faire la fête, les voisins, la famille aussi. J’ai fait les gâteaux.
(Nadjette)

*

Vendredi, on a baladé avec ma fille, on a fait les soldes pour voir ce qu’il y avait de beau. Nous avons visité les magasins de vêtements et de meubles du côté d’Auchan, nous n’avons rien acheté de particulier. Ensuite nous sommes allés manger ensemble et discuter de tout et de rien.
J’ai partagé une journée agréable avec ma fille et cela m’a fait plaisir.
(Orkeïa)

*

La semaine dernière, mardi je vais aux courses, mercredi je sors au supermarché. Le week-end, je le passe à la maison.
(Selvina)

*

Tout le monde est content surtout les enfants, que du bonheur !
Le 30 décembre, c’était mon anniversaire, mes enfants m’ont fait plaisir, ils ont préparé un gâteau pour moi.
Le 31 Décembre : dernier jour de l’année, on a vu le feu d’artifice sur le vieux port, il était splendide, ensuite on est rentré à la maison, on a réveillonné en famille jusqu’à 1h du matin.
(Hayat)

*

Lundi je suis allée à la RTM pour changer ma carte de transport.
Dimanche matin, j’ai fait le nettoyage
Samedi je suis allé au marché pour faire les courses, l’après- midi, je suis allée chez ma belle sœur.
Vendredi, je ne suis pas sortie, je suis restée chez moi.
Jeudi je me suis promenée au vieux port.
Mercredi je me suis promenée au centre bourse, j’ai fait les magasins.
Mardi matin j’avais rendez-vous avec pôle emploi.
(Aïcha)

*

Mercredi on était en sortie vers les Alpes moi et ma fille et le fils de ma copine. On était très content car je ne suis jamais allée là-bas, on s’est bien amusés à la neige.
(Nassera)

*

Il y a quelques jours, j’ai rencontré la maîtresse de mes enfants quand ils étaient au CP. Nous avons évoqué ces années là, car ma fille était sa chouchoute et nous avons échangé nos numéros de téléphone. Elle m’a promis de chercher les photos de mes enfants et de me les donner. J’ai été très heureuse de la rencontrer, nous nous sommes promis de nous revoir.
(Orkeïa)

*

Aujourd’hui : après avoir déposé mon fils à l’école, je suis allée au secrétariat pour régler la cantine, ensuite je suis rentrée directement à la maison, j’ai passé la matinée à la cuisine, j’ai préparé les lasagnes comme promis.
Hier : c’était la routine, le grand ménage, lessive et repassage pour la soirée.
Mercredi 11 décembre : journée agréable et inoubliable pour les enfants et moi aussi ; On s’est amusés très bien, le paysage est magnifique, il faisait beau. On a fait de la luge, je me suis amusée comme une petite fille. J’ai fait une bataille de boules de neige avec mes enfants.
(Hayat)


Vendredi quand j’étais à ALDI pour faire mes courses. Il est entré un homme avec une arme, il a pris tout l’argent de la caisse. J’ai eu peur pour moi et ma fille, la peur m’a envahie, il a fallu que je prenne des comprimés pour me calmer.
(Nassera)

*

Pour moi c’est toujours pareil, c’est la routine rien de spécial, les jours ils se ressemblent : le matin le ménage et le soir devant la télé.
(Nassera)

*

Nadjette : Cette semaine, j'ai fait les préparatifs du mariage de ma cousine. Hier j'ai téléphoné à ma mère. Elle m'a appris le décès de ma cousine en Algérie.

*

Dimanche : Les enfants sont contents, ils font la grasse matinée. La journée la plus cool. Douche, télé, jeux, sortie, devoirs à la fin.
Lundi : on reprend l'école, donc je mets mon réveil à sonner, je dois me lever de bonne heure, ouvrir les fenêtres et préparer le petit déjeuner, ensuite réveiller les enfants et les préparer à partir.
Mardi : Pratiquement pareil. Accompagner les enfants à l'école, et préparer le repas du midi et le soir, faire le ménage, récupérer les enfants à la fin de la journée, et amener Arylès au karaté.
Mercredi : Journée la plus chargée, car les filles je les accompagne au collège et Arylès à une association qu'il fréquente. A midi, c'est le repas. Après midi, les accompagner à leurs activités sportives. Après ça, on rentre à la maison, les enfants prennent leur douche, mangent, ensuite les devoirs, à la fin ils se brossent les dents et tout le monde au lit.
Aujourd'hui : Le matin, je suis sortie faire des papiers. Le midi, sont rentrés mes deux enfants, je leur ai donné à manger, ils sont repartis à l'école et moi je suis venue à l'atelier d'écriture avec Patrick.
(Hayat)

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. Ma fille a préparé un gâteau au chocolat seule, sans mon aide !
. Arylès a écrit pour la première fois au stylo, à l'école il a eu une médaille pour le féliciter par la maîtresse !
. Arylès a fait des progrès en lecture, donc à la maison il lit avec plaisir et non par obligation !
. J'ai remarqué que les enfants mangent mieux, peut-être à cause du froid !
. J'ai constaté que je suis très active en journée, prête à tout faire, mais je me fatigue vite vers la soirée comme les tout petits.

*

Hier je suis sortie avec ma fille, l'aînée, on est parties acheter du linge, après on est parties manger un morceau de pizza, on est rentrées à la maison, j'ai fait la prière, j'ai regardé la télé.
(Kheira)


*

Nadia : Un jour, mon fils à l'école dans la cour il a trouvé une montre en or, une belle montre, il m'a dit : « Maman, regarde ce que j'ai trouvé ». je lui ai dit : « Ne le montre pas. Quand tu entends quelqu'un dire j'ai perdu une montre, là tu lui rendras ». Et un jour, c'était la fille de l'ambassadeur du Gabon, elle disait « Ouais, c'était un cadeau, j'ai perdu... ». Mon fils a demandé : « qu'est-ce que tu as perdu ? ». « Une montre » elle a dit. Il a dit : « Je l'ai trouvée ». Et elle « Espèce de con, c'est maintenant que tu me le dis ! »



Là-bas / ici

Nadjette : Mes enfants, ils ne pourraient pas vivre en Algérie, même partir en vacances. Mes filles, elles disent « la prochaine fois tu descends toute seule. » Elles aiment la famille, mais il n'y a pas pour des sorties toutes seules. Ici il y a beaucoup de choses de bien. Ca va là-bas aussi, mais c'est pas pareil. Ma fille, quand elle est revenue à la maison cette année, elle a embrassé les murs. Elle a dit « oh ma maison, vive la France ! ». Je lui dis « pourquoi tu dis « Vive la France », là-bas aussi c'est bien. Et elle : « je m 'en fous, la prochaine fois je descends pas. 15 jours, 10 jours, pas plus. » Cette année je vais descendre avec ma mère, et ma fille me dit « très bien, vas-y toute seule »

Hayat : La façon qu'on vit ici et la façon qu'on vit là-bas c'est pas pareil

Nassera : Nous, quand on est arrivé ici, on avait la mentalité de là-bas, mais petit à petit ça y est on s'est adaptés.

Selvina : Ici, c'est mieux (qu'au Portugal). Mon fils, qui est handicapé, là-bas il allait à l'école normale, alors qu'ici j'ai une aide, pour l'école et le docteur.

*

Orkeia : Nous, dans nos origines, il faut toujours qu'on passe par être mariée et avoir des enfants pour être reconnue dans la société, dans la famille, etc... C'est rare que tu trouves chez nous une fille célibataire.
Après, nous on n'a pas éduqué nos enfants comme ça, moi ma fille elle a pris qui elle voulait, je ne l'ai pas éduquée comme ça.

*

Hayat : Généralement on se fait enterrer là-bas, parce que sinon ça revient cher. A chaque fois qu'il y a un enterrement de quelqu'un qui vient de ma région, on nous envoie un message pour dire : voilà, telle personne elle est décédée elle part telle date en Algérie, tel jour. C'est automatique, il y a des personnes qui s'occupent de ça, c'est comme une association. On se connaît tous, ça devient comme une famille. Ils nous envoient un message et on paye, pour le bateau et l'enterrement. La famille n'a rien à faire. Juste ils accompagnent le cercueil

Nadjette : Nous pour ça on a une assurance, on paye 180€/an pour 6 personnes

Hayat : Quand quelqu'un meurt, c'est cher et c'est douloureux.

Nadjette : Moi je veux être enterrée là-bas et que mes enfants aussi

Hayat : Moi je veux être enterrée là-bas. Mes enfants ? Je ne leur parle pas de ça les pauvres

Aïcha : Moi ? Je n'ai pas pensé à ça.

*

Nadjette : Là-bas, il y en a qui pensent que la femme, même si elle souffre, il faut qu'elle reste avec l'homme.

*

Là, je vis pas avec mes parents, ils sont à Mayotte. Ici je suis chez mon oncle. Ma sœur elle est à Paris, ça fait 5 ans qu'on ne s'était pas vues. Aux vacances de Noël, c'était la première fois qu'on se retrouvait, à Marseille, ma sœur est venue, mes parents aussi, toute la famille était là.
(Raïzani)
*

Là-bas il n'y a pas le tramway, avec les bus, avec les motos, avec la voiture...Il n'y a pas de téléphone, pas de télévision, pas de sorties. Moi aussi avant à mon fils j'ai dit « Si tu n'as pas le bac, tu te maries là-bas, au bled » « et lui : non non non, jamais de la vie !!! »
(Nadjette)

*

Mon cousin, il a 15 ans, il n'écoutait pas du tout à l'école, il se battait, il frappait les profs, il avait 5 de moyenne, donc sa mère elle a dit « non », on l'a envoyé à Mayotte. Peut-être en grandissant un peu ou en vivant là-bas il va changer. Ici il n'y a que des femmes, des fois il avait des coups de colère, on croyait qu'il allait frapper sa mère, elle avait peur. Là-bas il y a des oncles, il ne les connaît pas, il ne les a jamais vus, il est né ici. Quand il a su qu'il allait partir, il pleurait beaucoup, il disait « Je vais changer », mais sa mère elle a dit au bout d'un moment « non, c'est bon... ». Ca a été dur pour elle aussi, mais elle fait ça pour son bien. Donc, il est parti vendredi. La famille était là, elle a aidé pour acheter le billet. On l'a tous accompagné à l'aéroport, deux voitures. On a sorti les mouchoirs.
(Raïzani)

*

Un jour mon fils me raconta qu’il avait rêvé d’un chien, il voulait connaître la traduction de son rêve. Je lui ai dit que chez nous en France, on dit que le chien c’est un ami et que chez les algériens c’est un ennemi. Mon fils répliqua : « alors maman, je suis issu de deux cultures, que dois-je dire ? »
(Nadia)


Liberté

C’est une semaine très importante dans ma vie, depuis le temps que j’attends ce moment.
Je pars à l’internat. Je suis contente, en même temps j’ai peur. Même si j’ai rêvé de prendre ma liberté. Et quand ce jour arrive, je suis terrifiée à l’idée de quitter ma famille, mes amies et mes habitudes. On verra si le deuxième jour, je ne retourne pas chez moi.
(Raïzani)

Mari

Nassera : Mon mari, quand il était vivant il disait « moi je vais apprendre à ma fille le calcul, je vais lui apprendre à conduire »... il a promis beaucoup de chose... et puis il est mort...
Il était gentil avec moi, franchement un ange... Si je retrouve un homme bien, gentil, pourquoi pas, me remarier, mais le problème c'est qu'il faut qu'il considère ma fille comme sa fille. Parce que ma fille elle passe en premier. Le mari après.

*

Mon mari, il n’a que les matches de foot dans la tête. Il regarde toujours à quelle heure ça commence. Il fait la prière pour gagner le match, si il ne gagne pas il est triste, il dit que c’est la faute de l’arbitre. Il connaît les joueurs de L’OM, Paris, Barcelone tous. Il oublie peut être le nom des enfants mais pas le nom des joueurs.
Il est gentil quand même, il n’est pas rancunier. Quand on se dispute, je lui dis laisse-moi tranquille, il rigole, il ne garde pas le mal, il a bon cœur. L’argent il s’en fout, il donne, il donne aux enfants. Si demain je veux aller en Algérie, il me donne l’argent, il n’est pas radin. Mon mari il est bien, ma belle mère aussi, elle est très gentille avec moi et mes enfants.


Mariage

Mes parents se sont mariés non parce qu'ils se connaissaient mais parce que mon grand-père maternel était le voisin de mon grand-père paternel, donc du coup ils ont organisé un mariage de famille pour mon père et ma mère.
Mon mari et moi on s'est rencontrés car on s'est fait présenter par une amie, ensuite nos parents aussi ont fait connaissance entre eux, après cela on a été mariés. (Hayat)

Maternité

Hayat : Avoir un bébé c'est une chance magnifique. Être mère c'est un beau cadeau de la nature. C'est des moments inoubliables. J'adore les enfants.

*

Quand j'étais jeune fille, je m'occupais déjà de mes frères et sœurs, et je rêvais toujours d'avoir des enfants. C'est pour ça, quand je me suis mariée j'ai pas attendu longtemps pour tomber enceinte du premier garçon. Ça change tout car de s'occuper de son propre enfant c'est pas comme de s'occuper de ses frères et sœurs. Avant d'avoir des enfants c'est la liberté, c'est le temps libre, pas de souci, mais avec les enfants c'est le manque de temps pour soi même, pour travailler. Et les enfants demandent beaucoup de temps. (Saïda)

*

Je suis mère de trois enfants, mais dès fois je réalise pas, car je regarde en arrière et je me dis y'a pas longtemps, j'étais enfant comme eux, je jouais, je voyais que le présent et je me souciais de rien ! Mais cela a changé, car je suis une maman heureuse, contente de voir ces petits êtres qui grandissent tellement vite, et ils m'apportent énormément de joie et de bonheur, même si des fois on rencontre des petites difficultés dans la société, mais je me dis que ces petits ils vont devenir des adultes dans le futur et des bons citoyens dans la société, j'espère. (Hayat)

*

L'instinct maternel, mon dieu, je passe quelques jours chez mon fils, au moment de lui dire adieu je pleure tout le long du trajet, avant de rentrer chez moi. (Nadjia)

*

Orkeia : J'ai connu une dame, qui avait une société à elle, elle a fait le choix de ne jamais avoir d'enfant, parce qu'elle a toujours voulu travailler pour elle, et puis elle a toujours eu peur, elle disait « Tu te rends compte, un enfant, s'il lui arrive quelque chose... jamais je m'en remettrai.» Elle avait connu des gens à qui c'était arrivé. Elle préférait s'occuper de sa société. Elle a toujours sa société et elle est célibataire.

*

Nassera : Depuis toujours, c'est un rêve pour moi d'être maman. Quand j'étais petite, je jouais avec mes coussins : je disais que c'était mes enfants.

*

Raïzani : Moi je voudrais 4 enfants : 2 filles, 2 garçons... d'abord les garçons comme ça ils pourront s'occuper de leurs soeurs.


Médicaments

Nassera : Quand j’étais petite, j’avais la varicelle, mes parents ils m’ont forcée à manger la soupe de tortue et je l’ai mangée en pleurant.

Nadia : Nous, on nous donnait des escargots dans de l'huile d'olive pour la bronchite, on mangeait ça, c'est bon, ma mère elle soignait comme ça.

Hayat : En hiver, ma mère quand j’étais malade, elle m’obligeait à boire l’huile d’olive ancienne. C’était vraiment horrible, comme l’huile de foie de morue, par contre c’est vraiment efficace.


Méfiance

Mes enfants je leur disais : « Et fais attention qu'on ne te touche pas là. Fais attention de ne pas suivre des étrangers, quelqu'un que tu ne connais pas, fais attention » Je me suis toujours méfiée de ces choses là. J'avais peur. Un jour, j'ai envoyé un taxi chercher mes enfants à l'école : le taxi est revenu bredouille, il m'a dit : « Les enfants ils ne veulent pas monter avec moi ». Je suis allée avec lui, j'ai payé deux courses, et je les ai engueulés. Ils m'ont dit : « Maman, c'est toi qui nous a dit de ne pas monter avec quelqu'un qu'on ne connaît pas. ». J'ai rien dit.
(Nadia)

Mère

Hayat : Il n'y a pas plus chère que ma mère.

*

Chez nous, il y a un proverbe qui dit : « Quand tu perds ton père, tu perds un peu, quand tu perds ta mère tu perds tout » (Hayat)

*

Une mère ne remplace pas un père
Un père ne remplace pas une mère
(Chaïma)

Mère et fille

Nadia : La fille, c'est une amie avec sa mère

Hayat : Oui, c'est vrai, et plus elles grandissent, plus on devient des amies. Avec la grande, elle n'est pas adulte mais elle est presque adulte, bientôt elle va avoir 15 ans, elle me raconte tout et moi je lui raconte tout. Presque comme une amie. On peut discuter de tout.

*

Nassera : Je souhaite que plus tard, quand ma fille elle sera grande je serai une copine pour elle. Ma fille c'est une partie de moi.

*

Dans la semaine écoulée, j'ai reçu un coup de fil du Canada - Vancouver est une ville frontalière de l'Amérique – Ma fille, elle y vit depuis 15 ans avec ses trois enfants et son mari. D'habitude elle ne m'appelle que pour les fêtes. Et voilà qu'elle me dit qu'elle n'en peut plus de vivre avec un mari qui profite d'elle. Enseignante dans une école de langue française, elle ramène l'argent à la maison et s'occupe de son foyer, alors que son mari se la coule douce en percevant le chômage, égoïste, il ne l'aide pas.
Lorsque j'ai fait la connaissance de son mari, je suis intuitive, j'ai mis ma fille en garde, elle n'avait que 17 ans, il était beau comme un acteur, mais j'ai compris qu'il n'en voulait qu'à sa nationalité. J'étais veuve, je n'ai pas voulu lui signer l'acte de majorité.
Alors lorsqu'elle a eu ses 18 ans, elle se maria avec cet homme que je trouvais antipathique, sans me prévenir. Alors j'ai perdu ma fille.
Mais voilà qu'elle m'apprend cette nouvelle. Je le pressentais que ça finirait ainsi.
Ma fille avec le remord me demande d'aller vivre avec elle, une fois le divorce entamé.
Mais je réfléchis, les enfants parlent anglais et français avec un fort accent.
Est-ce que je pourrai faire quelque chose pour les aider ? J'en doute.
Son mari a voulu l'éloigner de moi pour qu'elle m'oublie. Sans compter sur le destin.
Il y a un proverbe qui dit « celui qui creuse un trou pour son ennemi, tombera dedans »
je suis seule à Marseille. Veuve. Mais j'avoue que le mari de ma fille l'a bien mérité. (Nadia)


Mère et fils

Mon fils, il aime beaucoup la galette, sa femme elle ne sait pas la faire, parce qu’elle est jeune, elle a 21 ans, elle sait faire les quiches, les pâtes. Elle est gentille avec mon fils, et je suis contente, parce que s’il était triste, je serais triste.
(Nadjette)


Moralité

Mes enfants, je ne les ai pas éduqués dans la religion, non, ils font ce qu'ils veulent. Les enfants, ils choisissent quand ils grandissent, mais je veux qu'ils soient éduqués dans la bonne moralité.
(Nadia)

Nourriture

J’aime tout parce que ma mère elle sait faire tout, mais j’aime beaucoup le H’rira, c’est un plat comment dire « le préféré » parce que maman aime beaucoup et moi j’aime beaucoup ma mère.
(Malika)
*

Quand je suis arrivée en France, j'ai souffert avec mes enfants, pendant presque deux ans. Le grand avait 11 ans, l'autre 7 ans, l'autre 2 ans, l'autre 4 mois, mon mari n'avait pas de travail. Ma belle mère, elle habitait à côté mais ses enfants ne la laissait pas nous aider. Ce sont les voisins, des français, qui donnaient à manger pour mes enfants. On nous donnait des colis aussi, des chèques pour manger. Maintenant on a la voiture, la moto, le travail... Mais il ne faut pas oublier. J'ai toujours dit à mes enfants : « Si tu manges une pomme... Il y en a qui ne mangent pas de pommes »
(Nadjette)


Objet souvenir

Aïcha : Mes frères, ils m'ont offert deux bracelets le jour de mon mariage. Je ne les porte pas tous les jours, juste pour les fêtes, sinon ils sont rangés.

Fathia : Chez moi j'ai un cadre que m'a offert mon ex., quand j'étais avec lui. C'est un beau cadre, un grand cadre. Il est accroché dans le salon. Quand je rentre dans le salon, je le regarde tout le temps. En plus, quand il me l'a envoyé, j'étais enceinte de ma fille de 6 mois. Ca me rappelle des souvenirs.
J'ai pas de souvenir de mes parents.

Hayat : Quand on voit l'objet on pense à la personne, on pense au moment où on nous l'a offert. Je me rappelle quand elle me l'a offert (le bracelet) j'étais super super contente, parce que c'est pas donné, c'est un bijou rare.. J'ai dit « olala c'est pas vrai... »

Nassera : Quand j'ai accouché de ma fille, j'étais là-bas en Algérie, personne ne m'a fait un cadeau.

Hayat : J'ai gardé les dents de lait de mes enfants, j'ai les boites, chacun il a sa boîte. J'ai aussi les pinces du cordon ombilical, et les bracelets de la clinique où il y a le nom, la date, je les ai tous gardés.

Nassera : Une mèche de cheveux de ma fille, que j'ai coupés

Nassera : J'ai gardé les costumes de mon mari dans l'armoire, de temps en temps je les sors...

Hayat : J'ai gardé des tricots de quand j'étais jeune fille, faits à la main , j'y tiens beaucoup, d'ailleurs je les mets encore.

Orkeia : J'ai gardé quelques trucs de mon fils, un peu mais pas tout, des bracelets, l'autre jour j'ai pris la boîte, j'ai regardé pour voir l'effet que ça me faisait, mais je ne sais pas si j'arriverais à les mettre encore, je pensais les mettre, mais bon je n'y arrive pas encore. On verra.

Nacera : Kaftan, burnous

Aïcha : la photo de mon mariage, avec ma famille et la famille de mon mari / Une vieille photo de ma belle mère quand elle était jeune fille

Hayat
Un braceletInterludes

. Dimanche : Les enfants sont contents, ils font la grasse matinée. La journée la plus cool. Douche, télé, jeux, sortie, devoirs à la fin.
. Lundi : on reprend l'école, donc je mets mon réveil à sonner, je dois me lever de bonne heure, ouvrir les fenêtres et préparer le petit déjeuner, ensuite réveiller les enfants et les préparer à partir.
. Mardi : Pratiquement pareil. Accompagner les enfants à l'école, et préparer le repas du midi et le soir, faire le ménage, récupérer les enfants à la fin de la journée, et amener Arylès au karaté.
. Mercredi : Journée la plus chargée, car les filles je les accompagne au collège et Arylès à une association qu'il fréquente. A midi, c'est le repas. Après midi, les accompagner à leurs activités sportives. Après ça, on rentre à la maison, les enfants prennent leur douche, mangent, ensuite les devoirs, à la fin ils se brossent les dents et tout le monde au lit.
. Aujourd'hui : Le matin, je suis sortie faire des papiers. Le midi, sont rentrés mes deux enfants, je leur ai donné à manger, ils sont repartis à l'école et moi je suis venue à l'atelier d'écriture avec Patrick.
(Hayat)

*

. Ma fille a préparé un gâteau au chocolat seule, sans mon aide !
. Arylès a écrit pour la première fois au stylo, à l'école il a eu une médaille pour le féliciter par la maîtresse !
. Arylès a fait des progrès en lecture, donc à la maison il lit avec plaisir et non par obligation !
. J'ai remarqué que les enfants mangent mieux, peut-être à cause du froid !
. J'ai constaté que je suis très active en journée, prête à tout faire, mais je me fatigue vite vers la soirée comme les tout petits.
(Hayat)

*

Hier je suis sortie avec ma fille, l'aînée, on est parties acheter du linge, après on est parties manger un morceau de pizza, on est rentrées à la maison, j'ai fait la prière, j'ai regardé la télé. (Kheira)

*
. Lundi : Je suis allé à l'école. J'ai eu un contrôle de géographie et de maths avec ma maîtresse du lundi.
. Mardi : J'ai eu un peu mal à la tête. J'ai fait chorale l'après-midi et musique, de la danse à la récré et poésie.
. Mercredi : Je suis allé à mon centre aéré, et aussi c'est un endroit pour prier, ça s'appelle « L'Oeuvre », à Endoume. La devise, c'est « ici on joue, ici on prie ».
. Jeudi : Je suis pas allé à l'école, et je suis avec ma mère à écrire ma semaine.
(Jérôme)

*

Lundi je suis allée chez le dentiste.
Mardi je suis allée avec mon mari, avec bébé pour le vaccin au dispensaire.
Mercredi je suis restée à la maison avec mes enfants.
Jeudi je suis restée à la maison.
Vendredi j’ai fait les courses.
Samedi je suis restée à la maison.
Dimanche j’ai préparé le pain et les gâteaux avec ma voisine.
(Fatima)

*

Hier je suis allée avec mon mari à la fête du prophète. Mes filles sont allées au cinéma avec leur frère Mohamed et sa fiancée.
(Nadjette)

*


Lundi je suis allée chez ma voisine.
Mardi je suis allée à la garderie avec mon fils.
Mercredi je suis restée à la maison avec mes enfants parce qu’ils sont malades.
Vendredi aussi, toute la semaine, moi je n’allais pas bien, aujourd’hui çà va.
(Fatima)

*

Samedi, j’ai passé l’après midi au gymnase La Martine avec les enfants, car Aryles avait une compétition de karaté. On est arrivé à 13h30, il y avait énormément de familles avec leurs enfants compétiteurs de tout âges, arrondissements, de différents clubs et ceintures.
C’était long, une fois mon fils, habillé et prêt, il fallait attendre son tour, car c’était à tour de rôle, selon l’âge du compétiteur.
Il n’était pas stressé, c’était plutôt moi la plus stressée. Ils ont fait des katas avec un adversaire, plusieurs fois et au final ….le fameux combat ! Nous l’avons encouragé, à la fin çà s’est bien passé, il a réussi les katas ainsi que le combat. Il était ravi pour sa victoire et nous également.
Dimanche : le matin on est resté à la maison, ménage, cuisine, repassage, l’après-midi on est allé faire les magasins pour voir les soldes
(Hayat)

*

J’ai passé une bonne semaine.
Jeudi avec ma fille, nous avons fait les courses, visité les magasins de chaussures, de vêtements sans acheter, juste pour le plaisir. Nous avons aussi visité les magasins de meubles toujours pour le plaisir et après en fin d’après midi, nous avons pris un chocolat chaud. Un moment agréable où nous avons discuté de tout et de rien après il a fallu qu’elle rentre pour récupérer mes petites filles à l’école.
(Orkeïa)

*

Samedi, il y a dix jours, ma cousine Nawelle a eu un nouveau bébé qui s’appelle Sarah.
Hier la sœur de Nawelle, mon autre cousine a eu l’appendicite.
Mohamed est arrivé à la maison avec sa fiancée, on a mangé avec mes filles et avec ma sœur, j’ai préparé des cordons bleus avec de la chorba. Ma sœur est restée 3 jours à la maison et puis elle est retournée chez elle, dans le 7° arrondissement.
(Nadjette)

*

Lundi passé on a déménagé, à la main, l’ancienne maison n’était pas loin, je suis passé du 127 au 113.
Ma fille, ma belle sœur, ma sœur, mon fils, tout le monde nous a aidés. Mon mari aussi, c’était le premier, après il était fatigué. Il a fallu faire la peinture dans l’ancienne maison, on l’a eue propre, on l’a laissée propre. Je suis contente, les copines sont venues à la nouvelle maison pour faire la fête, les voisins, la famille aussi. J’ai fait les gâteaux.
(Nadjette)

*

Vendredi, on a baladé avec ma fille, on a fait les soldes pour voir ce qu’il y avait de beau. Nous avons visité les magasins de vêtements et de meubles du côté d’Auchan, nous n’avons rien acheté de particulier. Ensuite nous sommes allés manger ensemble et discuter de tout et de rien.
J’ai partagé une journée agréable avec ma fille et cela m’a fait plaisir.
(Orkeïa)

*

La semaine dernière, mardi je vais aux courses, mercredi je sors au supermarché. Le week-end, je le passe à la maison.
(Selvina)

*

Tout le monde est content surtout les enfants, que du bonheur !
Le 30 décembre, c’était mon anniversaire, mes enfants m’ont fait plaisir, ils ont préparé un gâteau pour moi.
Le 31 Décembre : dernier jour de l’année, on a vu le feu d’artifice sur le vieux port, il était splendide, ensuite on est rentré à la maison, on a réveillonné en famille jusqu’à 1h du matin.
(Hayat)

*

Lundi je suis allée à la RTM pour changer ma carte de transport.
Dimanche matin, j’ai fait le nettoyage
Samedi je suis allé au marché pour faire les courses, l’après- midi, je suis allée chez ma belle sœur.
Vendredi, je ne suis pas sortie, je suis restée chez moi.
Jeudi je me suis promenée au vieux port.
Mercredi je me suis promenée au centre bourse, j’ai fait les magasins.
Mardi matin j’avais rendez-vous avec pôle emploi.
(Aïcha)

*

Mercredi on était en sortie vers les Alpes moi et ma fille et le fils de ma copine. On était très content car je ne suis jamais allée là-bas, on s’est bien amusés à la neige.
(Nassera)

*

Il y a quelques jours, j’ai rencontré la maîtresse de mes enfants quand ils étaient au CP. Nous avons évoqué ces années là, car ma fille était sa chouchoute et nous avons échangé nos numéros de téléphone. Elle m’a promis de chercher les photos de mes enfants et de me les donner. J’ai été très heureuse de la rencontrer, nous nous sommes promis de nous revoir.
(Orkeïa)

*

Aujourd’hui : après avoir déposé mon fils à l’école, je suis allée au secrétariat pour régler la cantine, ensuite je suis rentrée directement à la maison, j’ai passé la matinée à la cuisine, j’ai préparé les lasagnes comme promis.
Hier : c’était la routine, le grand ménage, lessive et repassage pour la soirée.
Mercredi 11 décembre : journée agréable et inoubliable pour les enfants et moi aussi ; On s’est amusés très bien, le paysage est magnifique, il faisait beau. On a fait de la luge, je me suis amusée comme une petite fille. J’ai fait une bataille de boules de neige avec mes enfants.
(Hayat)


Vendredi quand j’étais à ALDI pour faire mes courses. Il est entré un homme avec une arme, il a pris tout l’argent de la caisse. J’ai eu peur pour moi et ma fille, la peur m’a envahie, il a fallu que je prenne des comprimés pour me calmer.
(Nassera)

*

Pour moi c’est toujours pareil, c’est la routine rien de spécial, les jours ils se ressemblent : le matin le ménage et le soir devant la télé.
(Nassera)

*

Nadjette : Cette semaine, j'ai fait les préparatifs du mariage de ma cousine. Hier j'ai téléphoné à ma mère. Elle m'a appris le décès de ma cousine en Algérie.

*

Dimanche : Les enfants sont contents, ils font la grasse matinée. La journée la plus cool. Douche, télé, jeux, sortie, devoirs à la fin.
Lundi : on reprend l'école, donc je mets mon réveil à sonner, je dois me lever de bonne heure, ouvrir les fenêtres et préparer le petit déjeuner, ensuite réveiller les enfants et les préparer à partir.
Mardi : Pratiquement pareil. Accompagner les enfants à l'école, et préparer le repas du midi et le soir, faire le ménage, récupérer les enfants à la fin de la journée, et amener Arylès au karaté.
Mercredi : Journée la plus chargée, car les filles je les accompagne au collège et Arylès à une association qu'il fréquente. A midi, c'est le repas. Après midi, les accompagner à leurs activités sportives. Après ça, on rentre à la maison, les enfants prennent leur douche, mangent, ensuite les devoirs, à la fin ils se brossent les dents et tout le monde au lit.
Aujourd'hui : Le matin, je suis sortie faire des papiers. Le midi, sont rentrés mes deux enfants, je leur ai donné à manger, ils sont repartis à l'école et moi je suis venue à l'atelier d'écriture avec Patrick.
(Hayat)

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. Ma fille a préparé un gâteau au chocolat seule, sans mon aide !
. Arylès a écrit pour la première fois au stylo, à l'école il a eu une médaille pour le féliciter par la maîtresse !
. Arylès a fait des progrès en lecture, donc à la maison il lit avec plaisir et non par obligation !
. J'ai remarqué que les enfants mangent mieux, peut-être à cause du froid !
. J'ai constaté que je suis très active en journée, prête à tout faire, mais je me fatigue vite vers la soirée comme les tout petits.

*

Hier je suis sortie avec ma fille, l'aînée, on est parties acheter du linge, après on est parties manger un morceau de pizza, on est rentrées à la maison, j'ai fait la prière, j'ai regardé la télé.
(Kheira)


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Nadia : Un jour, mon fils à l'école dans la cour il a trouvé une montre en or, une belle montre, il m'a dit : « Maman, regarde ce que j'ai trouvé ». je lui ai dit : « Ne le montre pas. Quand tu entends quelqu'un dire j'ai perdu une montre, là tu lui rendras ». Et un jour, c'était la fille de l'ambassadeur du Gabon, elle disait « Ouais, c'était un cadeau, j'ai perdu... ». Mon fils a demandé : « qu'est-ce que tu as perdu ? ». « Une montre » elle a dit. Il a dit : « Je l'ai trouvée ». Et elle « Espèce de con, c'est maintenant que tu me le dis ! »



Là-bas / ici

Nadjette : Mes enfants, ils ne pourraient pas vivre en Algérie, même partir en vacances. Mes filles, elles disent « la prochaine fois tu descends toute seule. » Elles aiment la famille, mais il n'y a pas pour des sorties toutes seules. Ici il y a beaucoup de choses de bien. Ca va là-bas aussi, mais c'est pas pareil. Ma fille, quand elle est revenue à la maison cette année, elle a embrassé les murs. Elle a dit « oh ma maison, vive la France ! ». Je lui dis « pourquoi tu dis « Vive la France », là-bas aussi c'est bien. Et elle : « je m 'en fous, la prochaine fois je descends pas. 15 jours, 10 jours, pas plus. » Cette année je vais descendre avec ma mère, et ma fille me dit « très bien, vas-y toute seule »

Hayat : La façon qu'on vit ici et la façon qu'on vit là-bas c'est pas pareil

Nassera : Nous, quand on est arrivé ici, on avait la mentalité de là-bas, mais petit à petit ça y est on s'est adaptés.

Selvina : Ici, c'est mieux (qu'au Portugal). Mon fils, qui est handicapé, là-bas il allait à l'école normale, alors qu'ici j'ai une aide, pour l'école et le docteur.

*

Orkeia : Nous, dans nos origines, il faut toujours qu'on passe par être mariée et avoir des enfants pour être reconnue dans la société, dans la famille, etc... C'est rare que tu trouves chez nous une fille célibataire.
Après, nous on n'a pas éduqué nos enfants comme ça, moi ma fille elle a pris qui elle voulait, je ne l'ai pas éduquée comme ça.

*

Hayat : Généralement on se fait enterrer là-bas, parce que sinon ça revient cher. A chaque fois qu'il y a un enterrement de quelqu'un qui vient de ma région, on nous envoie un message pour dire : voilà, telle personne elle est décédée elle part telle date en Algérie, tel jour. C'est automatique, il y a des personnes qui s'occupent de ça, c'est comme une association. On se connaît tous, ça devient comme une famille. Ils nous envoient un message et on paye, pour le bateau et l'enterrement. La famille n'a rien à faire. Juste ils accompagnent le cercueil

Nadjette : Nous pour ça on a une assurance, on paye 180€/an pour 6 personnes

Hayat : Quand quelqu'un meurt, c'est cher et c'est douloureux.

Nadjette : Moi je veux être enterrée là-bas et que mes enfants aussi

Hayat : Moi je veux être enterrée là-bas. Mes enfants ? Je ne leur parle pas de ça les pauvres

Aïcha : Moi ? Je n'ai pas pensé à ça.

*

Nadjette : Là-bas, il y en a qui pensent que la femme, même si elle souffre, il faut qu'elle reste avec l'homme.

*

Là, je vis pas avec mes parents, ils sont à Mayotte. Ici je suis chez mon oncle. Ma sœur elle est à Paris, ça fait 5 ans qu'on ne s'était pas vues. Aux vacances de Noël, c'était la première fois qu'on se retrouvait, à Marseille, ma sœur est venue, mes parents aussi, toute la famille était là.
(Raïzani)
*

Là-bas il n'y a pas le tramway, avec les bus, avec les motos, avec la voiture...Il n'y a pas de téléphone, pas de télévision, pas de sorties. Moi aussi avant à mon fils j'ai dit « Si tu n'as pas le bac, tu te maries là-bas, au bled » « et lui : non non non, jamais de la vie !!! »
(Nadjette)

*

Mon cousin, il a 15 ans, il n'écoutait pas du tout à l'école, il se battait, il frappait les profs, il avait 5 de moyenne, donc sa mère elle a dit « non », on l'a envoyé à Mayotte. Peut-être en grandissant un peu ou en vivant là-bas il va changer. Ici il n'y a que des femmes, des fois il avait des coups de colère, on croyait qu'il allait frapper sa mère, elle avait peur. Là-bas il y a des oncles, il ne les connaît pas, il ne les a jamais vus, il est né ici. Quand il a su qu'il allait partir, il pleurait beaucoup, il disait « Je vais changer », mais sa mère elle a dit au bout d'un moment « non, c'est bon... ». Ca a été dur pour elle aussi, mais elle fait ça pour son bien. Donc, il est parti vendredi. La famille était là, elle a aidé pour acheter le billet. On l'a tous accompagné à l'aéroport, deux voitures. On a sorti les mouchoirs.
(Raïzani)

*

Un jour mon fils me raconta qu’il avait rêvé d’un chien, il voulait connaître la traduction de son rêve. Je lui ai dit que chez nous en France, on dit que le chien c’est un ami et que chez les algériens c’est un ennemi. Mon fils répliqua : « alors maman, je suis issu de deux cultures, que dois-je dire ? »
(Nadia)


Liberté

C’est une semaine très importante dans ma vie, depuis le temps que j’attends ce moment.
Je pars à l’internat. Je suis contente, en même temps j’ai peur. Même si j’ai rêvé de prendre ma liberté. Et quand ce jour arrive, je suis terrifiée à l’idée de quitter ma famille, mes amies et mes habitudes. On verra si le deuxième jour, je ne retourne pas chez moi.
(Raïzani)

Mari

Nassera : Mon mari, quand il était vivant il disait « moi je vais apprendre à ma fille le calcul, je vais lui apprendre à conduire »... il a promis beaucoup de chose... et puis il est mort...
Il était gentil avec moi, franchement un ange... Si je retrouve un homme bien, gentil, pourquoi pas, me remarier, mais le problème c'est qu'il faut qu'il considère ma fille comme sa fille. Parce que ma fille elle passe en premier. Le mari après.

*

Mon mari, il n’a que les matches de foot dans la tête. Il regarde toujours à quelle heure ça commence. Il fait la prière pour gagner le match, si il ne gagne pas il est triste, il dit que c’est la faute de l’arbitre. Il connaît les joueurs de L’OM, Paris, Barcelone tous. Il oublie peut être le nom des enfants mais pas le nom des joueurs.
Il est gentil quand même, il n’est pas rancunier. Quand on se dispute, je lui dis laisse-moi tranquille, il rigole, il ne garde pas le mal, il a bon cœur. L’argent il s’en fout, il donne, il donne aux enfants. Si demain je veux aller en Algérie, il me donne l’argent, il n’est pas radin. Mon mari il est bien, ma belle mère aussi, elle est très gentille avec moi et mes enfants.


Mariage

Mes parents se sont mariés non parce qu'ils se connaissaient mais parce que mon grand-père maternel était le voisin de mon grand-père paternel, donc du coup ils ont organisé un mariage de famille pour mon père et ma mère.
Mon mari et moi on s'est rencontrés car on s'est fait présenter par une amie, ensuite nos parents aussi ont fait connaissance entre eux, après cela on a été mariés. (Hayat)

Maternité

Hayat : Avoir un bébé c'est une chance magnifique. Être mère c'est un beau cadeau de la nature. C'est des moments inoubliables. J'adore les enfants.

*

Quand j'étais jeune fille, je m'occupais déjà de mes frères et sœurs, et je rêvais toujours d'avoir des enfants. C'est pour ça, quand je me suis mariée j'ai pas attendu longtemps pour tomber enceinte du premier garçon. Ça change tout car de s'occuper de son propre enfant c'est pas comme de s'occuper de ses frères et sœurs. Avant d'avoir des enfants c'est la liberté, c'est le temps libre, pas de souci, mais avec les enfants c'est le manque de temps pour soi même, pour travailler. Et les enfants demandent beaucoup de temps. (Saïda)

*

Je suis mère de trois enfants, mais dès fois je réalise pas, car je regarde en arrière et je me dis y'a pas longtemps, j'étais enfant comme eux, je jouais, je voyais que le présent et je me souciais de rien ! Mais cela a changé, car je suis une maman heureuse, contente de voir ces petits êtres qui grandissent tellement vite, et ils m'apportent énormément de joie et de bonheur, même si des fois on rencontre des petites difficultés dans la société, mais je me dis que ces petits ils vont devenir des adultes dans le futur et des bons citoyens dans la société, j'espère. (Hayat)

*

L'instinct maternel, mon dieu, je passe quelques jours chez mon fils, au moment de lui dire adieu je pleure tout le long du trajet, avant de rentrer chez moi. (Nadjia)

*

Orkeia : J'ai connu une dame, qui avait une société à elle, elle a fait le choix de ne jamais avoir d'enfant, parce qu'elle a toujours voulu travailler pour elle, et puis elle a toujours eu peur, elle disait « Tu te rends compte, un enfant, s'il lui arrive quelque chose... jamais je m'en remettrai.» Elle avait connu des gens à qui c'était arrivé. Elle préférait s'occuper de sa société. Elle a toujours sa société et elle est célibataire.

*

Nassera : Depuis toujours, c'est un rêve pour moi d'être maman. Quand j'étais petite, je jouais avec mes coussins : je disais que c'était mes enfants.

*

Raïzani : Moi je voudrais 4 enfants : 2 filles, 2 garçons... d'abord les garçons comme ça ils pourront s'occuper de leurs soeurs.


Médicaments

Nassera : Quand j’étais petite, j’avais la varicelle, mes parents ils m’ont forcée à manger la soupe de tortue et je l’ai mangée en pleurant.

Nadia : Nous, on nous donnait des escargots dans de l'huile d'olive pour la bronchite, on mangeait ça, c'est bon, ma mère elle soignait comme ça.

Hayat : En hiver, ma mère quand j’étais malade, elle m’obligeait à boire l’huile d’olive ancienne. C’était vraiment horrible, comme l’huile de foie de morue, par contre c’est vraiment efficace.


Méfiance

Mes enfants je leur disais : « Et fais attention qu'on ne te touche pas là. Fais attention de ne pas suivre des étrangers, quelqu'un que tu ne connais pas, fais attention » Je me suis toujours méfiée de ces choses là. J'avais peur. Un jour, j'ai envoyé un taxi chercher mes enfants à l'école : le taxi est revenu bredouille, il m'a dit : « Les enfants ils ne veulent pas monter avec moi ». Je suis allée avec lui, j'ai payé deux courses, et je les ai engueulés. Ils m'ont dit : « Maman, c'est toi qui nous a dit de ne pas monter avec quelqu'un qu'on ne connaît pas. ». J'ai rien dit.
(Nadia)

Mère

Hayat : Il n'y a pas plus chère que ma mère.

*

Chez nous, il y a un proverbe qui dit : « Quand tu perds ton père, tu perds un peu, quand tu perds ta mère tu perds tout » (Hayat)

*

Une mère ne remplace pas un père
Un père ne remplace pas une mère
(Chaïma)

Mère et fille

Nadia : La fille, c'est une amie avec sa mère

Hayat : Oui, c'est vrai, et plus elles grandissent, plus on devient des amies. Avec la grande, elle n'est pas adulte mais elle est presque adulte, bientôt elle va avoir 15 ans, elle me raconte tout et moi je lui raconte tout. Presque comme une amie. On peut discuter de tout.

*

Nassera : Je souhaite que plus tard, quand ma fille elle sera grande je serai une copine pour elle. Ma fille c'est une partie de moi.

*

Dans la semaine écoulée, j'ai reçu un coup de fil du Canada - Vancouver est une ville frontalière de l'Amérique – Ma fille, elle y vit depuis 15 ans avec ses trois enfants et son mari. D'habitude elle ne m'appelle que pour les fêtes. Et voilà qu'elle me dit qu'elle n'en peut plus de vivre avec un mari qui profite d'elle. Enseignante dans une école de langue française, elle ramène l'argent à la maison et s'occupe de son foyer, alors que son mari se la coule douce en percevant le chômage, égoïste, il ne l'aide pas.
Lorsque j'ai fait la connaissance de son mari, je suis intuitive, j'ai mis ma fille en garde, elle n'avait que 17 ans, il était beau comme un acteur, mais j'ai compris qu'il n'en voulait qu'à sa nationalité. J'étais veuve, je n'ai pas voulu lui signer l'acte de majorité.
Alors lorsqu'elle a eu ses 18 ans, elle se maria avec cet homme que je trouvais antipathique, sans me prévenir. Alors j'ai perdu ma fille.
Mais voilà qu'elle m'apprend cette nouvelle. Je le pressentais que ça finirait ainsi.
Ma fille avec le remord me demande d'aller vivre avec elle, une fois le divorce entamé.
Mais je réfléchis, les enfants parlent anglais et français avec un fort accent.
Est-ce que je pourrai faire quelque chose pour les aider ? J'en doute.
Son mari a voulu l'éloigner de moi pour qu'elle m'oublie. Sans compter sur le destin.
Il y a un proverbe qui dit « celui qui creuse un trou pour son ennemi, tombera dedans »
je suis seule à Marseille. Veuve. Mais j'avoue que le mari de ma fille l'a bien mérité. (Nadia)


Mère et fils

Mon fils, il aime beaucoup la galette, sa femme elle ne sait pas la faire, parce qu’elle est jeune, elle a 21 ans, elle sait faire les quiches, les pâtes. Elle est gentille avec mon fils, et je suis contente, parce que s’il était triste, je serais triste.
(Nadjette)


Moralité

Mes enfants, je ne les ai pas éduqués dans la religion, non, ils font ce qu'ils veulent. Les enfants, ils choisissent quand ils grandissent, mais je veux qu'ils soient éduqués dans la bonne moralité.
(Nadia)

Nourriture

J’aime tout parce que ma mère elle sait faire tout, mais j’aime beaucoup le H’rira, c’est un plat comment dire « le préféré » parce que maman aime beaucoup et moi j’aime beaucoup ma mère.
(Malika)
*

Quand je suis arrivée en France, j'ai souffert avec mes enfants, pendant presque deux ans. Le grand avait 11 ans, l'autre 7 ans, l'autre 2 ans, l'autre 4 mois, mon mari n'avait pas de travail. Ma belle mère, elle habitait à côté mais ses enfants ne la laissait pas nous aider. Ce sont les voisins, des français, qui donnaient à manger pour mes enfants. On nous donnait des colis aussi, des chèques pour manger. Maintenant on a la voiture, la moto, le travail... Mais il ne faut pas oublier. J'ai toujours dit à mes enfants : « Si tu manges une pomme... Il y en a qui ne mangent pas de pommes »
(Nadjette)


Objet souvenir

Aïcha : Mes frères, ils m'ont offert deux bracelets le jour de mon mariage. Je ne les porte pas tous les jours, juste pour les fêtes, sinon ils sont rangés.

Fathia : Chez moi j'ai un cadre que m'a offert mon ex., quand j'étais avec lui. C'est un beau cadre, un grand cadre. Il est accroché dans le salon. Quand je rentre dans le salon, je le regarde tout le temps. En plus, quand il me l'a envoyé, j'étais enceinte de ma fille de 6 mois. Ca me rappelle des souvenirs.
J'ai pas de souvenir de mes parents.

Hayat : Quand on voit l'objet on pense à la personne, on pense au moment où on nous l'a offert. Je me rappelle quand elle me l'a offert (le bracelet) j'étais super super contente, parce que c'est pas donné, c'est un bijou rare.. J'ai dit « olala c'est pas vrai... »

Nassera : Quand j'ai accouché de ma fille, j'étais là-bas en Algérie, personne ne m'a fait un cadeau.

Hayat : J'ai gardé les dents de lait de mes enfants, j'ai les boites, chacun il a sa boîte. J'ai aussi les pinces du cordon ombilical, et les bracelets de la clinique où il y a le nom, la date, je les ai tous gardés.

Nassera : Une mèche de cheveux de ma fille, que j'ai coupés

Nassera : J'ai gardé les costumes de mon mari dans l'armoire, de temps en temps je les sors...

Hayat : J'ai gardé des tricots de quand j'étais jeune fille, faits à la main , j'y tiens beaucoup, d'ailleurs je les mets encore.

Orkeia : J'ai gardé quelques trucs de mon fils, un peu mais pas tout, des bracelets, l'autre jour j'ai pris la boîte, j'ai regardé pour voir l'effet que ça me faisait, mais je ne sais pas si j'arriverais à les mettre encore, je pensais les mettre, mais bon je n'y arrive pas encore. On verra.

Nacera : Kaftan, burnous

Aïcha : la photo de mon mariage, avec ma famille et la famille de mon mari / Une vieille photo de ma belle mère quand elle était jeune fille

Hayat
Un bracelet en argent Berbère que j’ai eu en cadeau par ma mère à l’âge de 14 ans a une valeur inestimable pour moi. Elle l’a fait faire chez un bijoutier qui déjà à réalisé des bijoux à ma grand-mère, à mes tantes et à ma mère.
Il ne me va plus, j’ai décidé de le donner à ma fille, pour son anniversaire, pour ses 15 ans. Et pour faire égalité, je l’ai amené cette année en Kabylie, je suis repartie chez le même bijoutier, sauf que c’est le fils qui a pris le relais, je lui ai demandé de me refaire le même pour mon autre fille, il m’a dit que c’était faisable.


Nadia
Un jour j’étais partie rendre visite à mon père aujourd’hui décédé. Après les salutations et les embrassades, il était seul à la maison, ma mère était sortie. Il me dit qu’elle ne va pas tarder à arriver, et de la poche de son gilet, il sort une montre pour regarder l’heure.
Je lui dis que j’aime bien cette montre ancienne, alors, il me l’a offerte. Pour le remercier je lui ai donné un peu d’argent car il vivait avec une petite retraite.
Aujourd’hui je l’ai toujours cette montre, mais elle ne fonctionne plus, lorsque je la vois, j’ai une pensée pour mon père. Que dieu ait son âme.

Raïzani
Le collier de ma petite sœur est très important pour moi, ce collier m’évoque des souvenirs de ma sœur encore vivante, ce collier nous lie toute les deux.
Un jour, j’ai perdu mon collier à la rivière, donc j’ai eu peur de rentrer à la maison, comme nos colliers se ressemblent, ma sœur a décidé de me donner le sien.
Quand on est rentré, elle a dit à ma mère : « j’ai perdu mon collier. » Ma mère s’est fâchée parce qu’elle nous les avait offerts pour notre naissance. A partir de ce jour là, j’ai compris que ma sœur m’aimait beaucoup, mois aussi je l’aime. Depuis ce jour, ma mère ne sait pas que j’ai le collier de ma sœur.
Ce collier, je ne le touche pas, c’est juste pour les yeux.

Hayat : Une photo du paysage de ma région / une couverture tricotée par ma mère, pour mon premier enfant / l'ensemble de la circoncision de mon fils, avec le petit chapeau, le gilet tout brodé, les babouches et le burnous.

 en argent Berbère que j’ai eu en cadeau par ma mère à l’âge de 14 ans a une valeur inestimable pour moi. Elle l’a fait faire chez un bijoutier qui déjà à réalisé des bijoux à ma grand-mère, à mes tantes et à ma mère.
Il ne me va plus, j’ai décidé de le donner à ma fille, pour son anniversaire, pour ses 15 ans. Et pour faire égalité, je l’ai amené cette année en Kabylie, je suis repartie chez le même bijoutier, sauf que c’est le fils qui a pris le relais, je lui ai demandé de me refaire le même pour mon autre fille, il m’a dit que c’était faisable.


Nadia
Un jour j’étais partie rendre visite à mon père aujourd’hui décédé. Après les salutations et les embrassades, il était seul à la maison, ma mère était sortie. Il me dit qu’elle ne va pas tarder à arriver, et de la poche de son gilet, il sort une montre pour regarder l’heure.
Je lui dis que j’aime bien cette montre ancienne, alors, il me l’a offerte. Pour le remercier je lui ai donné un peu d’argent car il vivait avec une petite retraite.
Aujourd’hui je l’ai toujours cette montre, mais elle ne fonctionne plus, lorsque je la vois, j’ai une pensée pour mon père. Que dieu ait son âme.

Raïzani
Le collier de ma petite sœur est très important pour moi, ce collier m’évoque des souvenirs de ma sœur encore vivante, ce collier nous lie toute les deux.
Un jour, j’ai perdu mon collier à la rivière, donc j’ai eu peur de rentrer à la maison, comme nos colliers se ressemblent, ma sœur a décidé de me donner le sien.
Quand on est rentré, elle a dit à ma mère : « j’ai perdu mon collier. » Ma mère s’est fâchée parce qu’elle nous les avait offerts pour notre naissance. A partir de ce jour là, j’ai compris que ma sœur m’aimait beaucoup, mois aussi je l’aime. Depuis ce jour, ma mère ne sait pas que j’ai le collier de ma sœur.
Ce collier, je ne le touche pas, c’est juste pour les yeux.

Hayat : Une photo du paysage de ma région / une couverture tricotée par ma mère, pour mon premier enfant / l'ensemble de la circoncision de mon fils, avec le petit chapeau, le gilet tout brodé, les babouches et le burnous.